sandrine mariette

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Laure limongi/ Anomalie des zones profondes du cerveau

Quel est le point commun entre Lewis Carroll, Flaubert, Kafka, Barthes, Beckett, l’acteur Daniel Radcliffe et Laure Limongi ? L’AVF, l’algie vasculaire de la face, une migraine épouvantable, provoquant une des douleurs les plus intenses enregistrées, d’où son surnom « la migraine du suicide », et qui touche trois personnes pour mille. « Ça commence comme un orage », « c’est comme un pic à glace enfoncé derrière l’œil », « impossible de s’y habituer, jamais », écrit Laure Limongi dans « Anomalie des zones profondes du cerveau ». Pas question de s’enfermer dans le pathos pour cette guerrière – elle a travaillé, une bouteille d’oxygène de 6 kilos en bandoulière en cas de crise pendant des années –, mais de dévider sa pelote de haine et de digresser du côté de la vie, des écrivains, des films, des séries télé… Alternant des récits courts, voire des fragments, elle « se cartographie comme un continent », s’interroge sur une phrase de Roland Barthes, « mais peut-être que la migraine est une perversion ? » et ne manque pas d’humour à propos Jules César, « le plus ancien migraineux connu. La migraine n’empêche donc pas de conquérir la Gaule. » Mais elle empoigne aussi les laboratoires qui préfèrent faire avaler de l’Imiject, hors prix, et s’abstiennent de développer sérieusement un dérivé du LSD, lequel à doses réduites, a fait des miracles. C’est l’automne, avant de vous jeter sur les champignons, dévorez les miscellanées indociles et pleines d’esprit de Laure Limongi.

Sandrine Mariette

« Anomalie des zones profondes du cerveau », de Laure Limongi (Grasset, 205 p.).

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