« Jo singe garçon », de Beatrice Alemagna
Née en 1973, à Bologne, en Italie, Beatrice Alemagna toujours rêve de fabriquer ses livres. Petite, elle contemple les images de Bruno Munari (designer, photographe, artiste complet), dont l’influence plastique et sémantique s’avère capitale dans son œuvre. Elle étudie, à Urbino le graphisme et la photographie. Voici une micro bio majeure pour aborder Beatrice Alemagna, une des plus grandes illustratrices et auteures d’albums pour la jeunesse et, finalement, pour tout le monde.
« Jo singe garçon », son nouvel album, la hisse haut, très loin de ce qui paraît actuellement. Tout d’abord, il y a une histoire, pas simple du tout, qui concerne le mal-être, chez un enfant qui s’appelle Jo. « Jo était un singe garçon. » Jo bouge, grimpe, passe de lustre en lustre, un peu plus qu’un enfant hyper dynamique ; Jo se croit un singe. Et il vit très mal sa vie de singe et sa vie de petit garçon. Il rencontre un monsieur-psy pour rassurer les parents, et poser un nom à toute cette agitation, « son comportement finira par changer tout seul ». La suite vous appartient, et Jo va devoir choisir. L’illustration ne répond pas aux critères passés de relais, de description graphique de l’écrit, pas du tout. L’illustration construit au fil des pages ce qui se passe à l’intérieur de Jo. Elle œuvre, elle éclaire, mais ne révèle pas tout, une part de mystère, d’interprétation, c’est de « l’hypertexte » offert au lecteur. L’image, c’est la double page, un assemblage esthétiquement et volontairement raisonné. A vous de goûter au plaisir du dynamisme du trait, à la subtilité typographique, aux collages et montages photographiques (une petite anecdote : il y a la photo d’un personnage, toujours le même dans chaque album, lequel ou laquelle ?), aux silences chromatiques, aux points de vue qui répondent à une idée précise, à la palette qui se disputent les couleurs, d’où vibre une harmonie secrète, et à l’humanité qui tisse les pages.
« Jo singe garçon » marque une coupure dans l’œuvre de Beatrice Alemagna. De la première à la dernière page, pas un oubli, pas une répétition… que de la création, de la générosité et du courage. Regardez la vidéo, Beatrice vous dévoilera les faces cachées de « Jo singe garçon ».
Sandrine Mariette