sandrine mariette

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Le « Paris : suite 1940 », de Carlo Llop

Un récit palpitant.

Dans son nouveau roman, « Paris : suite 1940 », José Carlos Llop se livre à l’autopsie d’un personnage énigmatique, l’écrivain et journaliste César Gonzáles Ruano. Le tout se déroule, sous l’Occupation, dans un Paris aussi ambigu qu’interlope.

En 1940, correspondant de presse espagnol à Berlin, César Gonzáles Ruano débarque à Paris pour devenir « doublement inventé : par lui-même et par l’invention de ce que peut suggérer ce qu’il invente ». Sur fond d’art nègre, de pègre rastaquouère et noctambule de Montparnasse, CGR oscille dans des eaux troubles. Arrêté par la Gestapo avec sur lui un diamant, des dollars et un passeport vierge pour l’Amérique latine, l’homme qui a décidé de ne plus écrire devient objet d’écriture. José Carlos Llop, le romancier majorquin écrit avec une ardeur de détective, cherchant une réponse dans les mémoires curieusement amnésiques de l’écrivain, déchiffrant ses poèmes comme des rébus. CGR, poisson glissant entre les mailles, sorte de Monsieur Klein, de Monsieur Arkadin ou de Maurice Sachs à la moustache et la barbe ibérique d’un tableau du Greco, se cache derrière des masques à pagaille. Dandy, esthète, escroc, passeur de juifs, espion, membre d’une organisation antinazie, collabo, trafiquant de marché noir, opportuniste ? Dans une œuvre habitée, à l’ombre glauque de la rue Lauriston, José Carlos Llop convoque un monde où se côtoient les fantômes du Dr Petiot, des diplomates de Franco, des officiers nazis, un commissaire aux questions juives, des Républicains exilés, un boxeur mouchard… Une période de l’histoire où tous les possibilités sont invitées.

Valérie Labrousse

« Paris : suite 1940 », José Carlos Llop (Editions Jacqueline Chambon).

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