sandrine mariette

~ Factory

Et si on lisait les plumes féminines américaines underground

Ladyland

C’est l’expérience littéraire du moment, que nous offrent ces vingt-cinq auteures, pour la plupart inconnues en France, et réunies dans « Ladyland, une anthologie de la littérature féminine américaine ». Description.

Les ladylanders. De 30 à 70 ans, cataloguées écrivaines subversives, féministes post-porn, ou encore estampillées « cult, transgressive, edgy », la plupart de ces ladylanders ont emboîté le pas à Bukowski, Selby, Kerouac… Expertes dans l’art de l’extrême, ces nouvellistes pur-sang, entre fiction et autofiction, elles racontent leurs expériences de gogo-danceuses, de strip-teaseuses, de prostituées… en toute assurance, congédiant la poisse des stéréotypes, avec une ironie qui ne minimisent jamais les fêlures.

Le pitch. Exemptes du poids de l’autocensure, adeptes du rush narratif, les ladylanders ne donnent pas dans la quincaillerie sentimentale, expédiant dans nos habitudes de lecture, persillées de convention, une gerbe de mots implacables : « J’ai toujours su que ça arriverait. Toutes les femmes savent dans leur chair qu’elles peuvent être violées d’un instant à l’autre. Eh bien, ça m’était arrivé. » (« Berceuse pour une pute », de Gina Frangello). Et, on passe à autre chose.

L’expérience. A mi-chemin entre exhibition et inhibition, de deux ados qui jouent, au début, à faire des passes pour de la dope, à une fille qui « suce une bite » pour pouvoir régler le bus qui l’emportera chez sa mère mourante, leur traversée en zone d’inconfort offre une vue imprenable sur le monde underground. Mais, à force de gratter leur odyssée jusqu’à l’esquille, ces « dirty girls » en rapportent une écriture de distanciation  irremplaçable, moderne et lumineuse, un bouquet de vie. « Ladyland » est une aventure littéraire unique.

Sandrine Mariette

« Ladyland, une anthologie de la littérature féminine américaine » (13e Note Editions, 493 p.).

Merci à 13 e Note pour ce très beau travail.

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