« Stardust », de Nina Allan
Nina Allan nous avait étonné, puis fortement conquis avec
« Complication », un premier recueil, couronné du Grand Prix de l’Imaginaire 2014, où surnaturel et onirisme cohabitaient si bien, qu’on se mit à croire possible le voyage dans le temps. En ce début d’année, c’est avec « Stardust », un poème et six nouvelles autonomes hantées par une légendaire Ruby Castle, actrice fictive des années 30, que l’auteure britannique . Elle fascine Michael, 13 ans, prodige des échecs dans « Face B », avant d’apparaître en chair et en os, comme cible d’un lanceur de couteaux, dans un cirque en proie à une frayeur croissante depuis l’arrivée d’une « fillette ou d’un monstre » qui fait très froid dans le dos (« Le Ver du Lammas »). Mais, c’est en entrebâillant « La Porte de l’avenir », Allemagne 1938, que l’on est littéralement happé. Dans une fête foraine, où se tient la coulisse de nos imaginaires, Claudine, 8 ans, insiste auprès du meilleur ami de son père pour entrer dans le Labyrinthe aux miroirs – conçus par le grand-père de Ruby Castle. Dans la vapeur des gaufres, Andrew cède. Elle ne ressortira jamais de ce palais des glaces – créé par le grand-père de Ruby – comme « si elle avait franchi quelque porte invisible », où barbelés, cris, chiens sont maintenant l’avenir de Claudia : le camp de concentration de Nordhausen-Dora (1943)… Nina Allan tisse des structures coulissantes, où éclaircissements furtifs et nouveaux mystères – toutes les facettes de ce « Ruby Cube » – s’épaississent au fil d’une lecture au charme sans répit. Déployant une ode au futur antérieur qui se prolonge bien après que le livre soit fermé.
Sandrine Mariette
« Stardust », de Nina Allan, traduit de l’anglais par Bernard Sigaud (Tristram, 357 p.).
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