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Franz Stangl et moi

Dominique Sigaud livre un roman d’une acuité rare et d’une intensité historique bouleversante sur Franz Stangl, le bourreau de Treblinka, qui envoya 900 000 personnes à la mort. C’est un livre qui se relit et se relit. Rare.

Exceptionnel

Juin 1971, Dominique Sigaud n’a que 12 ans ; son regard se pose sur des squelettes et des barbelés, et elle n’oublie pas le procès Franz Stangl, commandant des camps de Sobibor, puis de Treblinka. Quarante ans plus tard, dans « Franz Stangl et moi », la journaliste-écrivaine sonde ce bureaucrate du chaos, responsable de la mort de neuf cent mille personnes, en impliquant son « Moi », une femme née après ce qu’elle rebaptise la « werra », « à la fois le désordre de la guerre et le scandale de l’anéantissement, la dévoration et la lutte armée ». Ce « moi » dont la sensibilité et la réflexion et visent à cerner l’intimité et les abysses de Stangl. Une tentative pour Dominique Sigaud, sans être ni une survivante ni un témoin de parler de la Shoah, comme l’avait engagé Jonathan Littell avec « Les Bienveillantes ». A partir du cas Franz Stangl, incarnation de la banalité du mal, qui justifia ses crimes par : « c’était le système, il fonctionnait » l’auteure saisit à vif, chez ces maîtres de la werra, une « capacité à ne jamais devenir témoins », à être interchangeables, à déserter devant soi. Elle poursuit sa pensée, jusqu’aux pères de ces génocidaires, tout aussi déserteurs d’eux-mêmes, et ne craint pas d’affronter l’intime de ces monstres. C’est pour ce parti-pris original et parfois déroutant que « Franz Stangl et moi » est un livre troublant et remarquable.

Anne-Charlotte Rouxel

« Franz Stangl et moi », de Dominique Sigaud (Stock, 220 p.).

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Posted in Littérature générale by Sandrine Mariette on janvier 26th, 2012 at 10:41.

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