sandrine mariette

Jean Albou/un ouf dans l’art

Voilà un livre à la fois passionnant sur l’art contemporain, et interpellant sur une maladie qui touche 2 % des Français. Jean Albou, « Un fou dans l’art », raconte ses montagnes russes financières et psychiques. Assez perché.

Tout commence à l’âge de 7 ans. A Casablanca, Jean Albou monte, de manière fanatique, un musée miniature avec des reproductions de chefs-d’œuvre célèbres, « j’en ressentais des émotions décuplées que je ne vivais pas dans le réel. » De retour en France, il se marie, fonde une famille, enseigne un temps la philo, mène une vie presque ordinaire altérant des périodes d’angoisse et de calme troublantes. Jusqu’au jour où, pris d’une euphorie sans limite, il entre dans un magasin d’horlogerie, et achète deux-cents montres. Ce n’est que le début. En 1997, à 40 ans, – estimé pour son parcours professionnel remarquable, il est reconnu en tant que marchand de biens, conseiller de la collection d’art d’un milliardaire, spécialiste de l’artiste César –, il tombe sauvagement amoureux, quitte femme et enfants… Puis, plus rien, la crise est passée. Pourtant, Jean Albou a déjà consulté trente ou quarante psys. Les aurait-il leurrés ? Le diagnostic tombe enfin : la psychose maniaco-dépressive. Nostalgique ? En 2007, il remet le couvert, brille autant qu’il dépense : quinze millions d’euros en quelques mois… Sans les fonds, bien sûr. Jean qui rit, c’est fini. « Un fou dans l’art » remet les pendules à l’heure, décrypte avec finesse deux mondes : l’art et la folie. Et pose une question : y aurait-il « un plaisir fou à être anormal » ?

Sandrine Mariette

« Un fou dans l’art », de Jean Albou (Editions de la Martinière, 283 p.).

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