sandrine mariette

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Les « Insoumises » de Celia Levi

Hymne à la jeunesse

Dans ce premier roman, « Les Insoumises », Celia Levi livre, sous forme épistolaire, un conte de la vie ordinaire de deux jeunes femmes qui ressemblent à beaucoup d’autres. Dès son arrivée en Italie, Renée entame une correspondance avec Louise. Mordue par un idéalisme marxiste-bakouniste tenace, Louise ancre son quotidien dans des élucubrations drolatiques (« les logements devraient être gratuits tout comme les fruits de la nature »…), où l’attitude d’esprit l’emporte sur la réalité qui l’attend. Plus indolente, Renée s’épanouit dans les salles de cinéma et parfait son éducation sentimentale avec de beaux cinéphiles ; elle s’adapte à l’instant présent, la dolce vita. Louise se radicalise politiquement et moralise son amie : « Qu’en grandiras-tu ? »,  « Tes épreuves de contes de fées ne sont que le fruit de ta mégalomanie ». Renée n’est qu’une Gandhi du dimanche. Coups durs, coups bas, rimes de réconciliation, l’amitié ne se fendille pas comme ça. Puis le rythme bascule, s’inverse, l’auteure resserre les perspectives, zoome sur les vraies tensions de ces deux adolescentes secrètement liées, saisies par le même effroi, le passage à la vie active ; la « vraie » vie. Celia Levi, qui n’a que 26 ans, fait preuve d’une clairvoyance saisissante dans ce roman faussement utopique, faussement naïf, en dévoilant ses « Insoumises » qui paieront très cher leur jeunesse. Renée signera la dernière missive : « Tu as  vécu avec moi ma vie turbulente et frivole et j’ai tremblé avec toi sur les barricades. Nous aurons chacune vécu deux vies, deux fois plus. » Parce que l’amitié ne se soumet pas, elle court tous les risques.      

Sandrine Mariette

« Les Insoumises », de Celia Levi (Tristram).

Posted in Littérature générale by Sandrine Mariette on février 2nd, 2010 at 09:47.

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