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Le livre des violences, de William T. Wollmann

Monumental opus de la littérature américaine, « Le Livre des violences », de l’écrivain américain William T. Vollmann sort enfin en France. Une entreprise gigantesque qui déboussole et séduit. Quatre pistes pour l’aborder…

Sorti en 2009 en France

Le pavé. Publiée en 2003, sous le titre volontairement équivoque « Rising Up and Rising Down », cette somme s’est construite en vingt ans et se compose de sept volumes (5000 pages). Parmi eux, « Le Livre des violences », version abrégée, 911 pages, où Vollmann, de César à nous jours, pose la question : peut-on justifier la violence ?

La cible. Si Vollmann a mis du temps pour fabriquer son « chef-d’œuvre », c’est qu’il n’a pas juste trempé sa plume, il a mouillé sa chemise. Le côté fou furieux, kamikaze de l’écrivain n’est pas un mythe, tout comme son obsession encyclopédique. L’auteur y superpose une densité réflexive et documentaire (Où les droits commencent-ils ?, où s’arrêtent-il ?) à une dimension politique et anthropologique (enquêtes sur le terrain).

Le Message. Vollmann ne propose aucune conduite à tenir. Il montre. « Pour écrire, je dois parcourir des endroits à risques et traverser des situations complexes », avoue-t-il. En 1992, direction la Yougoslavie, où les tirs dévorent l’humanité. Il en tire « Où sont toutes les jolies filles ? », un récit énigmatique et lumineux. C’est tout le génie de Vollmann : écrire des pavés digests sur l’indigeste. Pourquoi ? Parce qu’il croit en l’homme, humblement.

La Photographie. Comme dans son ouvrage « Pourquoi êtes-vous pauvres ? », « Le Livre des violences » comporte une dizaine de clichés, où la « visibilité » du monde cristallise les mots. Madagascar, le Michigan, le Japon… c’est la « Parade des armes », chacun brandit son fusil et rit comme un paumé. Mais le plus désarmant, ce sont les enfants, arborant pistolet-jouet ou lance-roquette, le sourire aux lèvres. Conclusion : réalités amères et d’actualité, légitimité ou non des violences…, Vollmann ose s’y risquer et le lecteur admire. De très loin, son œuvre est unique.

Sandrine Mariette

« Le Livre des violences », de William T.Vollmann, traduit de l’anglais par Jean-Paul Mourlon (Tristram, 911 p.).

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Posted in Actu and Littérature générale by Sandrine Mariette on septembre 10th, 2010 at 09:24.

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