sandrine mariette

~ Factory

Que la culture soit, et le département de la Saine-Saint-Denis déçoit.

Le salon en sursis

Qui aurait imaginé cette farce «  le Département de la Seine-Saint-Denis, envisage lors du vote de son budget le 8 avril prochain, de réduire de façon drastique ses subventions au Salon du Livre et de la Presse jeunesse, ainsi qu’aux autres structures de promotion de la lecture du département » ?

Chaque année, ce salon est le point de rencontres de 250 auteurs invités, des expos, un thématique, des endroits nouveaux d’attraction pour les jeunes, leurs parents, et pour tout le monde… C’est le lieu où un foyer de création littéraire, graphique, éditoriale touche au mieux les jeunes esprits. Il suffit d’y mettre les pieds, c’est plein, c’est la fête, tous les livres exposés à portée de main, la bibliothèque géante idéale.

Mais, le Salon intervient aussi tout au long de l’année dans un département difficile, où la culture n’est pas le premier souci des familles. Sa directrice Sylvie Vassallo et toute son équipe se rendent dans les écoles, les collèges, les lycées, donnent des livres, font un travail drastique. Et, tout à coup, il faudrait balayer d’un revers énigmatique cette entreprise humaniste. Quelle belle idée de relooker un département souvent moqué, gaussé, ce célèbre 93, en lui ôtant tous les moyens de conquérir un espace noble, ludique, imaginaire, pourvu d’intelligence émotionnelle.

Alors, le salon coûte trop cher, et que ferez-vous de l’argent des subventions ? Il remontera des machines à fric ? Votre silence est le plus grand des mépris. Que souhaitez-vous ? Faire plus de blé ou parier sur l’avenir et le présent de la jeunesse ? Quelles sont vos priorités ? Donner le pouvoir au peuple de rêver, de lire, d’imaginer, de créer ou lui donner le pouvoir de s’affaiblir dans du matériel qu’il possède déjà.

C’est soit l’esprit, soit la marchandise ; je sais, ce n’est pas nouveau comme propos, mais votre entreprise de faire faire un grand bond en arrière à la culture dans un département qui en veut, qui en a besoin, frôle la sénescence précoce. Et, surtout, dans un an, ne venez pas en rajouter une couche : les jeunes lisent de moins en moins ou comment faire lire les plus réfractaires ? On le connaît le petit jeu qui pense en rond.

Des extraits de lettres des personnes qui soutiennent le salon

Textes extraits du blog : Le pouvoir des livres

Mesdames et Messieurs du Conseil général de la Seine-Saint-Denis,

A vous qui m’avez entendue en décembre 2008, vous lire Pas de loup

A vous qui m’avez entendue vous dire combien vos bébés sont intelligents, combien l’émergence de leur petite pensée peut se nourrir très tôt de cette activité riche, profonde et fondatrice qu’est la lecture…

Je me souviens de nos échanges. De vos yeux et vos propos émerveillés.

Par ce petit voyage en quelques pages, à pas de loup…, au pays de votre enfance? Peut-être…

Emerveillés surtout, vous m’en parliez, par vos enfants, vos propres enfants.

Vous ne vous doutiez pas qu’ils peuvent si petit déjà se promener au pays des histoires en y faisant sens.

Avec des sons, des couleurs, un certain regard sur le monde empreint de poésie, capable d’humour….

Devenant ainsi plus humain, plus éveillé à soi-même et au monde.

Et vous vous disiez fervents à encourager tout ce qui pourra favoriser aux enfants l’accès aux livres.

J’étais admirative.

Il y a là, en Seine-Saint-Denis, un vivier de gens sensibles et intelligents dont vous avez la clairvoyance de soutenir les actions.

Oui, le psycholinguiste Evelio Cabrejo-Parra nous l’affirme en ces termes, les livres « accompagnent la mise en mouvement de la pensée ».

Et il se trouve en Seine-Saint-Denis des politiciens qui l’ont compris.

Je voudrais continuer à pouvoir vanter, par-delà les monts et les vaux où me mènent ma vie d’auteure, cette gouvernance intelligente en Seine Saint Denis.

J’ose espérer, que vous porterez encore longtemps  contre vents et marées ce magnifique travail de soutien à la citoyenneté que fait l’équipe du Salon de Montreuil et de Livres au trésor.

Ils et elles oeuvrent pour que les enfants, tous les enfants, aient accès à une littérature de qualité.

Qui leur donnera de mettre le monde en mots, et non en maux.

Merci d’en rester les défenseurs éveillés.

Jeanne Ashbé, auteur-illustratrice

Pas de loup a été en 2008 l’ouvrage réalisé à l’initiative et avec le concours du Conseil général de la Seine Saint Denis, présenté sur le Salon du livre de Montreuil lors de la journée professionnelle, en présence des élus du Conseil général de la Seine Saint Denis.

Dans le cadre de l’incitation à la lecture, je travaille avec le CPLJ depuis une dizaine d’années, à l’occasion du Salon du Livre de Montreuil et du Salon de la Porte de Versailles. Les élèves du lycée professionnel de Noisy-le-Sec ont ainsi pu lire des romans et rencontrer leurs auteurs (Hitonari Tsuji, Joke van Leeuwen, Maïssa Bey, Sébastien Joanniez, Sue Limb…) pour dialoguer avec eux. Ces expériences ont toujours été très enrichissantes. Ils ont  également pu acheter des livres avec les chèques-lire mis à leur disposition par la Région Ile-de-France. L’accompagnement pédagogique du CPLJ a toujours été très utile aux professeurs pour choisir les ouvrages et préparer ces rencontres. Je souhaite donc vivement que le CPLJ continue à avoir les moyens de poursuivre son partenariat avec les enseignants.

Christian Krock, enseignant

Les enfants ont-ils besoin de livres pour grandir ? Depuis 25 ans le salon du livre pour la jeunesse de Montreuil répond oui à cette drôle de question. Grandir, c’est à dire rêver, rire, pleurer, s’interroger, questionner, s’émouvoir, parler, se parler, penser, partager…

La lecture publique n’est pas un gros mot, c’est très exactement le contraire du «temps de cerveau disponible pour les messages publicitaires.»

Bien sûr qu’on y tient ! Que c’est une chance, un bonheur, que de pouvoir se rendre dans ces lieux où la culture est à portée de tous, des grands comme des petits, non pour y être consommée, mais partagée. La lecture publique est une utopie, un endroit où l’identité peut se construire en écoutant d’autres voix que celles qui nous sont assignées à la naissance, voix plus anciennes, voix plus lointaines, voix d’aujourd’hui, voix de théâtre ou de poésie, de chants, de sons, d’images, puisque les livres parlent aussi, parfois, avec des images…

Alors, la lecture publique, nous dit-on, une main sur l’épaule et la calculette à la main, c’est simple, il suffit d’en faire un lieu de stockage et de conservation où les gens iront se servir. C’est la nouvelle définition des services publics : ça sert juste à s’en servir. Le petit personnel, qui est toujours petit, c’est pour le fonctionnement, et ça se remplace de plus en plus par des machines, on a vu ça un peu partout, cette nouvelle forme du progrès : au mieux, on s’en arrange en pestant, au pire, ça ne gêne que ceux qui en ont le plus besoin et ceux, bien sûr, qui ne savent pas se servir des machines.

Dans ces drôles d’endroits qu’on nomme des bibliothèques, il y a des gens assez fous pour se dire qu’une bibliothèque c’est autre chose qu’un catalogue de choix et de propositions ou des rayonnages de parallélépipèdes en attente de désherbage. Qu’il faudrait, peut-être, bouger, se déplacer, aller à la rencontre, en faire un endroit où bat le cœur d’une ville, d’une cité.

Que les livres, contrairement aux écrans du «temps de cerveau disponible pour les messages publicitaires», ne vont pas tous seuls chez ceux qui n’en ont pas.

La plupart des enfants sont dans ce cas.

Peut-être bien que ça vaut le coup, à l’échelle d’un pays, d’une collectivité, d’y consacrer un peu d’énergie, de réflexion, de questionnement, d’ambition ? De ne pas se dire que «ça ne sert à rien» ?

Le Salon du livre pour la jeunesse n’a pas inventé ces questions.

Mais depuis vingt-cinq ans, les personnes qui l’animent ont tout fait pour que la lecture ne soit pas une pilule à faire passer, une pratique utilitaire ou un «mécanisme d’insertion».

Les débats, les colloques, on nous dira, ça ne sert à rien.  Les rencontres, les ateliers, on nous dira, ça ne sert à rien. Les expositions, ça ne sert à rien. Les projets avec les collèges, les écoles, les croisements inter-génération, ça ne sert à rien. Les questionnements sur les nouvelles technologies, ça ne sert à rien. Les découvertes de littératures étrangères, ça ne sert à rien.

Ça prend trop de place dans le temps de cerveau disponible, sans doute.

Je pense tout le contraire. Je crois que c’est utile, précieux, vital. Que c’est quand ces actions ont disparu qu’on se rend compte à quel point elles manquent. Que les livres ne sont pas faits pour rester dans l’éther des pensées immatérielles, que c’est bien de les ouvrir, pour les lire à voix basse ou à voix haute, de les faire vivre et de les partager.

Il faut de l’énergie, pour ça.

De la passion.

Des subventions.

C’est à dire de l’argent public. Ça non plus, ce n’est pas un gros mot.

François Place, auteur-illustrateur

Depuis quelques années, les difficultés économiques actuelles incitent les pouvoirs publics, comme les éditeurs, à faire des choix  dans leurs dépenses promotionnelles.

C’est une réalité à laquelle nous avons tous à faire face.

Si aujourd’hui le Conseil général de la seine Saint Denis, et peut être demain le Ministère de la culture et le Ministère de l’Education nationale, n’ont plus de fonds pour accompagner des projets culturels collectifs, c’est un choix politique que l’on doit combattre ensemble.

Les animations que vous dispensez tout au long de l’année sont liées à un vrai projet culturel concernant le développement des enfants.

Ce sont des moments privilégiés et nécessaires qui rassemblent des enfants et des spécialistes de l’enfance.

Les Salons du Livre aussi sont essentiels car ils attirent  les familles et leurs enfants,

Ils rayonnent grâce à la présence des livres, de nos auteurs et de tous ceux qui savent faire aimer la lecture.

Il ne faut pas nous cacher que les temps sont difficiles et que nous seront peut être amenés à réduire les coûts, à diminuer de surfaces, à retrouver une économie plus acceptable pour tous, mais en aucun cas nous ne devrons renoncer.

Jamais

Car nous sommes convaincus que notre métier s’incarne dans la rencontre directe entre les êtres,

entre un éditeur et un auteur,

un auteur et un enfant,

un représentant et un libraire,

un enseignant et un élève,

une bibliothécaire et les jeunes qui fréquentent sa médiathèque.

La passion de lire résulte de toutes ces rencontres que nous faisons au fil de notre vie.

Nous sommes convaincus que notre nouvelle génération, enfant et prescripteurs, a besoin d’apprendre à connaître ce fonds vivant de culture qu’est la littérature de jeunesse.

Elle est d’une telle richesse  aujourd’hui,

elle est sortie de ses frontières,

elle doit vivre dans toute sa diversité au grand jour,

et ne mérite pas de faire les frais des rigueurs de l’économie.

La découverte des livres est intimement liée à l’engagement de ces passionnés, anonymes, associatifs ou professionnels qui vont à la rencontre des jeunes.

Béatrice Decroix et Colette Gagey

Pôle Jeunesse

La Martinière Groupe

Non !

C’est un mot qui fonde l’enfance, un mot qui claque,  un mot court pour une longue résistance  résiste, qui dit colère, combat, qui dit aussi que l’on veut exister…

Alors Non !

Foin de réserve, juste l’indignation devant ce qui serait un renoncement à nourrir cet allié, ce complice, ce compagnon de 25 ans de l’engagement professionnel des bibliothécaires, de bcp d’enseignants, d’animateurs, de formateurs, de médecins, de psys de tous genres, qui au fil des années ne renoncent pas à l’avenir des enfants et des jeunes de la Saint- Saint-Denis

Car le Salon « tout au long de l’année » comme  le Salon qui accueille les enfants seuls, le salon qui brode comme un canevas précieux des actions à la carte pour chaque classe, chaque groupe de centre de loisirs, le salon qui invente des malles et des expositions, des rencontres et de colloques, qui s’occupent ici des tout petits, là des ados, c’est juste indispensable, oxygène et nourriture, stimulant et revigorant !

Refuser d’investir sur ce que fait ce Salon tout au long de l’année, ce qu’il co–fabrique avec nous comme terreau pour les enfants et les jeunes ça serait juste cynique, penser que l’on peut jeter l’eau du bain mais surtout les bébés qui sont dedans, se résoudre à toutes les inégalités, bafouer les familles.

Oui, ça serait un manque de respect pour tous les parents de ce département mais singulièrement pour ceux qui pour offrir le mieux à leurs enfants ont franchi les mers, sauté, p les barbelés, vécu le plus dur du dur .

Alors disons net : choisir de permettre au Salon de continuer ce travail (et ceci vaut aussi pour Chroma Zebrock) c’est refuser de faire la politique du pire et choisir la politique du juste..

Plus qu’un programme, une urgente obligation, ici, maintenant, en Saint-Saint-Denis.

Florence Schreiber, bibliothécaire

Depuis 10 ans, je travaille dans les bibliothèques de Seine Saint-Denis, en secteur jeunesse. Mois après mois, année après année, j’y ai donc fais mes premiers pas professionnels dans un département où l’effervescence et le dynamisme sur la question de la littérature jeunesse sont, à mes yeux, incroyable ! Comités de lecture, conférence, formation, expositions, rencontres d’auteurs : un département sorti d’une autre planète je vous dis ! 
La conception que j’ai aujourd’hui de mon métier a été largement forgée par les diverses expériences menées avec le CPLJ. Il y a le Salon bien sûr, face immergée de l’iceberg. Mais n’oublions pas de regarder ce qui se trame dessous :

- Installation d’expositions en bibliothèque : visite de classes, de centres de loisirs et pour certains enfants la première visite d’expo et la rencontre avec des illustrations originales, la découverte d’un univers d’auteur

- Mise et place et circulation de malles de livres thématiques dans les bibliothèques, centres de loisirs…

- Réalisation d’une bibliographie annuelle « Tout-petit tu lis » pour les plus jeunes

- Organisation du prix Tam-Tam

- Création du Juke Box

- Organisation de formation pour tous les acteurs du livre jeunesse : colloque, journée de réflexion, rencontres d’auteurs…

- Visites du Salon avec des enfants (groupe scolaire, centres de loisirs…) et des parents (association, ateliers d’alphabétisation…).

Sous l’iceberg, ça turbine ! Et c’est ce qui vient alimenter notre travail de médiateurs au quotidien auprès de nombreux enfants, tout-petits et très grands. La coupe franche des budgets annoncée par le Conseil général aura des répercutions sur ce travail de grande qualité, peu visible du grand public. Le danger est là !

Je ne peux m’empêcher de penser à d’autres structures départementales : Livres au trésor, l’Association Bibliothèques en Seine-Saint-Denis… en danger elles aussi ?

Pour que nous puissions continuer à offrir à chaque enfant les possibilités de se construire en tant que citoyen éclairé, à Montreuil, où je travaille aujourd’hui, en Seine-Saint-Denis comme ailleurs… 

Delphine Girard – Bibliothèques de Montreuil

Je suis sans doute un peu idiot, mais je ne crois pas à la fatalité. Par exemple, je ne parviens pas à croire que des enfants et des adolescents réputés « en difficulté culturelle » ne peuvent pas accéder à la lecture. Je ne parviens pas à croire qu’ils sont condamnés sociologiquement à demeurer éloignés du livre.

J’ai pourtant longtemps exercé le métier de sociologue. Je devrais donc, à ce titre, développer tout un discours sur les « handicaps culturels », les « déterminations sociales », les inégalités d’accès aux arts et ainsi de suite, et en conclure à la fatalité de l’ignorance et du manque d’intérêt.

Mais il se trouve que j’ai également un assez long passé d’écrivain. Et que cela m’a conduit à rencontrer des collégiens, des lycéens, des jeunes gens dans des médiathèques – entre autres en Seine-Saint-Denis (Montreuil, Bobigny, Noisy-le-Sec, St-Denis, St-Ouen etc.).

Or ces expériences multiples m’ont toutes, absolument toutes, démontré une chose : je me suis trouvé face à face avec des jeunes gens qui, à première vue, se fichent de la lecture, mais je sais que quand on parle avec eux, quand on leur explique ce que c’est qu’un livre, quand on leur montre comment un roman s’écrit, quand on les fait entrer pour de bon dans l’atelier d’un écrivain, quand on écrit au moins un peu avec eux, bref quand on travaille avec eux, alors on s’aperçoit qu’ils sont prêts à s’ouvrir à la lecture, et aux livres, et aux arts, et que leur appétit grandit à mesure que le travail avance.

Revenons un instant sur la sociologie : tout montre que les besoins culturels sont d’une nature très particulière : au lieu d’être satisfaits et comblés par une consommation, ils se développent au contraire au fur et à mesure que la consommation grandit.

Voilà pourquoi je suis en définitive d’accord avec moi-même, comme écrivain et comme sociologue, pour récuser toute fatalité. Je suis persuadé qu’il n’y a pas de destins tout tracés, mais des combats. Et qu’on peut gagner ces combats si on accepte de se battre.

Cela signifie qu’il ne suffit pas de placer des livres en vitrine pour en être quitte avec une politique du livre. C’est nécessaire, certes, mais il faut en même temps monter sur le ring de la lecture : rencontrer des jeunes gens et se battre. On verra très vite qu’on ne lutte pas contre eux, mais qu’ils luttent avec nous. Cela aussi s’appelle le bonheur de la lecture.

Jean-Noël Blanc, Sociologue et écrivain

Les élections, la librairie et le Salon

Il est intéressant de rapprocher deux évènements à priori sans lien. Les dernières élections et le salon du livre de jeunesse de Montreuil. L’abstention a atteint un taux record dans certaines villes de banlieue, notamment dans les banlieues parisiennes, à Montreuil (58%), à Clichy-sous-Bois (71,4%), à Sarcelles (71,9%), à Villeneuve-la-Garenne (69%). Explication : le sentiment de l’abandon, de la mise à l’écart. La prise de conscience de ce que la société toute entière ne se préoccupe des banlieues que lorsqu’elles sont en feu.

Et qu’apprend-on à la veille des élections ? Que le Conseil général couperait la subvention du centre de ressources du département si joliment dénommé Livres au trésor et qui se consacre au livre de jeunesse. Et que, non content de cette « riche » idée (pardon pour le jeu de mots), il envisagerait de réduire celle du Salon de Montreuil (d’1 à 1,2 million d’euros en faisant appel aux autres partenaires : mais que diable, lesquels ?).

Le salon, parait-il, n’est pas menacé. Son succès lui assure un fragile équilibre économique. Mais il avait réussi à essaimer dans le département son action de sensibilisation au livre et à la lecture ; ce sont donc des centaines d’initiatives à caractère littéraire (expositions, malles de livres, lectures, notamment dans les centres sociaux, rencontres d’auteurs, ateliers d’illustrateurs, formations….) qui rythment la vie en Seine-Saint-Denis, ainsi que des actions en direction des écoles, qui se trouvent en péril.

Bien sûr, l’argent public est devenu plus rare, mais tout de même, quelle indécence ! On assèche l’activité d’un centre de ressources d’un trait de plume si vite tiré qu’on s’en est à peine aperçu ! On coupe dans les budgets d’un évènement destiné au livre de jeunesse, dans un département qui brille par sa jeunesse !

Je ne puis m’empêcher de rapprocher ces deux évènements d’un constat récent issu d’une étude du MOTIF sur la librairie en Ile-de-France. Elle montrait que Paris concentre 739 points de vente de livres, dont 697 librairies, et le département de Seine-Saint-Denis 64 points de vente, dont 42 librairies. Soit une librairie pour environ 4 000 habitants à Paris, et une pour environ 46 000 habitants en Seine-Saint-Denis (Livres Hebdo, 22 juin 2009).

Le service culturel du département a choisi de sacrifier les livres ; et il le fait en s’attaquant à deux fleurons de la vie culturelle dans le département. Là où le marché est défaillant, la puissance publique est doublement fautive. Vote du budget le 8 avril.

Françoise Benhamou est économiste, professeur à l’Université de Paris 13 et chercheur au CEPN. Elle enseigne aussi dans diverses universités européennes, à l’Institut National de l’Audiovisuel et à l’Institut National du patrimoine. Elle est membre du bureau exécutif de l’ACEI (Association for Cultural Economics International), du Conseil d’orientation de la fondation Jean Jaurès, du Conseil d’orientation du Centre national de la Variété, du Comité consultatif des programmes de la chaîne franco-allemande ARTE, et auteur d’une chronique hebdomadaire sur France Culture.

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Enseignante pendant 5 ans en classe de ZEP en Seine-Saint-Denis, le salon du livre de jeunesse de Montreuil a toujours été un moment fort de la vie de ma classe: rencontre d’un auteur, d’un illustrateur, participation à un atelier ont été des moments inoubliables qui font aimer la littérature aux enfants. L’accueil d’une malle du salon du livre a donné lieu a des échanges forts entre classes! Unique et merveilleux. Le salon du livre, c’est la rencontre avec des passionnés qui enrichissent et transmettent leur passion aux enfants. Quand est-ce qu’on fait littérature, maîtresse? Un des commentaires que j’ai pu entendre suite au travail sur la littérature de jeunesse.

Le salon du livre, avec les formations enseignants ont contribué à développer ma connaissance des livres et m’ont donné beaucoup d’idées dans mes pratiques de classe.

Le salon du livre de jeunesse est un réel atout pour les enfants de ce département!

Christelle Kohemun, enseignante

__________________________________________________________________________ M. le Président du Conseil Général

Les parents et l’équipe éducative de l’école maternelle Bayard à Noisy-le-sec s’indignent de la décision du Conseil Général de réduire les subventions accordées au Salon du Livre et de la Presse Jeunesse.

L’activité du SLPJ permet d’enrichir la culture littéraire des jeunes enfants de notre école en offrant des prestations et du matériel de qualité auxquels  l’école et les familles ne pourraient prétendre sans l’existence de cette structure départementale unique en son genre.

Depuis  cinq ans, l’aide apportée par les professionnel(le)s compétent(e)s du SLPJ a permis à nos enfants, non seulement de découvrir plusieurs centaines d’ouvrages de grande qualité sur des thèmes variés, de soutenir le travail de création d’albums entrepris dans les classes de grandes sections, mais aussi, de guider et de conseiller l’équipe enseignante dans ses choix et ses orientations en matière de littérature jeunesse.

Avec la médiathèque de notre ville, le SLPJ est devenu un partenaire incontournable du travail axé sur le langage et la lecture.

En cette période difficile où la population de notre département paie les effets de la crise au prix fort, il nous semble politiquement irresponsable, inconséquent et inopportun de réduire ses crédits à une structure associative qui permet à notre jeunesse d’accéder à un niveau culturel contribuant à son développement, à son épanouissement et à son émancipation.

C’est pourquoi, nous vous demandons de rétablir un niveau de crédit alloué au SLPJ,  permettant la continuité et le développement de ses activités en direction des jeunes publics de notre école et de notre département.

Olivier Sarrabeyrouse, enseignant à Noisy-le-Sec

__________________________________________________________________________ En colère, nous le sommes, nous qui avons suivi, accompagné, ce merveilleux et irremplaçable salon du livre de jeunesse. Mais notre colère va-t-elle atteindre nos décideurs?

Les avons-nous élus, ces décideurs, pour mener cette politique la ?

Bien sûr, il y a les problèmes budgétaires… Mais en politique, les choix ne sont jamais innocents. Ceux qui décident aujourd’hui de sacrifier les actions de terrain du salon le font dans la méconnaissance totale de leur importance sociale, culturelle, éducative. Ou alors, mais on n’ose y croire, pensent-ils qu’il y a mieux à faire avec les finances publiques (qui sont tout de même les nôtres !) que de s’occuper de l’épanouissement et de la réussite de bandes de gamins bruyants, chahuteurs, des gamins, quoi !, venus pour nombre d’entre eux de l’autre côté des mers…

Je ne me reconnais plus dans cette gauche qui sacrifie sans états d’âme le patient travail d’accès à la lecture mené par le salon. Lire, aimer lire, ne va pas de soi. Cela se découvre, s’apprend, s’accompagne, afin que le déclic libérateur soit le plus largement partagé.

Pour avoir œuvré pendant 35 ans au développement de la lecture publique dans le département, grâce à des élus qui menaient courageusement une vraie politique culturelle, dans un contexte financier tout aussi difficile qu’aujourd’hui, je me dis que ce que nous avons gagné, lentement, risque de sombrer rapidement si cette politique de désengagement se confirme. La majorité actuelle du CG fait de mauvais choix, sous d’apparentes bonnes raisons… Piètres politiques, qui veulent nous faire prendre des vessies pour des lanternes. Mais nous ne sommes pas obligés de les croire, encore moins de les soutenir. Je ne croirai jamais que la diminution de la dotation du Salon était un choix inéluctable. Il y a tant de dépenses plus prestigieuses qui, elles, perdureront.

Et je me demande : pourquoi ?

Madeleine Deloule

Allons z’enfants !

Pour en savoir plus : le blog du salon, www.pouvoirdeslivres-slpj.fr.

Pour signer la pétition, idem sur le blog.

LadyIG

Posted in Actu and Littérature jeunesse by Sandrine Mariette on avril 2nd, 2010 at 14:18.

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